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Lettre d'opinion

Mission d’été urgente pour nos gouvernements : sauver nos entreprises régionales !

EnBeauce.com

12h00 – 17/07/2025

Par Salle des nouvelles

Plusieurs représentants des organisations de développement économique de la région Chaudière-Appalaches, dont le Conseil Économique de Beauce et Développement économique Nouvelle-Beauce, ont souhaité s'exprimer à travers une lettre d'opinion concernant la situation des entreprises régionales. Voici la lettre :

« Aujourd’hui, nous nous adressons à vous non pas avec des statistiques, mais avec l’inquiétude sincère de nos entrepreneurs préoccupés par la stabilité économique collective.

Depuis plusieurs années, les entrepreneurs en région ont investi temps, ressources et passion afin de construire des entreprises solides et innovantes. Cette croissance repose sur des équipes dévouées, incluant des travailleurs étrangers temporaires (TET) qui, avec leurs familles, sont devenus nos collègues, voisins et amis, membres à part entière de nos communautés.

Depuis septembre 2024, l’incertitude entourant le départ forcé de leurs employés intégrés et qualifiés fragilise tout ce qu’ils ont bâti ensemble. Ces départs signifient non seulement une perte immédiate d’expertise, mais aussi une incapacité durable à maintenir leur cadence, respecter leurs engagements et poursuivre leurs investissements régionaux.

Dans un contexte où le gouvernement provincial affirme manquer de ressources financières, laisser partir ces travailleurs précieux constitue un manque évident de cohérence.

Cette lettre n’est pas une plainte, mais un appel à l’action collective. Quelle logique économique justifie l’expulsion du Québec de travailleurs spécialisés déjà intégrés et porteurs de projets familiaux au cœur de nos communautés ? Quelle cohérence y a-t-il dans une stratégie d’immigration qui échoue précisément là où elle devrait réussir : retenir les talents qui choisissent déjà notre province et nos régions ?

Un enjeu économique majeur
Nous savons tous que la stabilité est essentielle à l’innovation et aux investissements durables. Or, cette stabilité est aujourd’hui compromise par des politiques rigides, déconnectées de nos réalités entrepreneuriales. Nos entreprises composent avec des incohérences administratives coûteuses, auxquelles s’ajoutent des dépenses en francisation, en formation et en intégration qu’elles assument volontiers pour le bien collectif.

La hausse du salaire médian le 27 juin dernier par le gouvernement fédéral, bien que signe d’un marché du travail tendu, alourdit encore davantage leurs coûts opérationnels. Offrir un salaire horaire de 34,62 $ en région, au Québec, sans compter notamment les primes, les heures supplémentaires et les assurances collectives, représente déjà une pression financière considérable pour nos entreprises, majoritairement des PME. Nous faisons face à une flambée des coûts sans pour autant combler le manque criant de personnel qualifié.

La prochaine planification pluriannuelle de l’immigration du Québec est certes attendue, mais des centaines d’entreprises ont besoin de leurs travailleurs étrangers temporaires immédiatement. Préserver ces acquis en termes de stabilité opérationnelle et d’expertise est impératif. Certes, nous subissons les conséquences d’une mauvaise gestion historique de l’immigration, mais ne mélangeons pas tout : ces travailleurs sont essentiels précisément là où le plein emploi est une réalité, et leur départ fragilise déjà notre tissu économique régional.

La région de la Chaudière-Appalaches, véritable berceau manufacturier au Québec, illustre parfaitement ce défi. En 2021, cette région a vu échapper 2,1 milliards de dollars de production manufacturière en raison d’une pénurie de main-d’œuvre, sans parler des investissements non réalisés. Malgré cela, la région demeure résiliente et compte désormais plus de 4000 TET intégrés aujourd’hui. Dans ce contexte, laisser partir ces travailleurs précieux sous prétexte d’une politique qui vise d’abord à favoriser l’emploi de Canadiens, mais qui s’avère totalement déconnectée des réalités régionales, où la rareté de main-d’œuvre disponible rend impossible le recrutement local, est incohérent.

En tant que gens d’affaires, pouvons-nous rester silencieux alors que l’avenir de nos entreprises est compromis par des décisions administratives éloignées de notre réalité quotidienne ? Nous devons défendre ensemble une vision pragmatique, humaine et économiquement responsable de l’immigration régionale.

Notre avenir économique dépend de notre capacité à maintenir une main-d’œuvre solide, expérimentée et diversifiée. Nos travailleurs étrangers sont une richesse à protéger, non seulement par solidarité humaine, mais aussi parce qu’ils garantissent notre capacité à créer de la valeur régionale et provinciale.

Nous appelons aujourd’hui à une mobilisation constructive de tous les acteurs économiques concernés, y compris les représentants politiques des gouvernements provincial et fédéral, afin d’identifier rapidement une solution durable, stopper les dommages déjà amorcés et donner plus de prévisibilité à nos entrepreneurs. Maintenir les TET déjà en emploi serait un minimum.

Alors que la belle saison s’est installée et que chacun souhaite profiter d’un été paisible, nos entreprises en région, quant à elles, ne peuvent se permettre de relâcher leur vigilance. Agissons ensemble dès maintenant pour garantir que nos entreprises, nos communautés et les familles qui ont choisi le Québec puissent continuer de grandir et de prospérer, dans la stabilité et la confiance. »

Signataires : 

Marlène Bisson, directrice générale, Développement économique Nouvelle-Beauce
Hélène Latulippe, directrice générale, Conseil économique de Beauce
Martine Leullier, coordonnatrice et commissaire industrielle, CLD de la MRC de Montmagny
Philippe Mailloux, directeur général, Chaudière-Appalaches Économique
Sylvain Thiboutot, directeur du service de développement économique, MRC de L’Islet
Alain Vallières, directeur général, Développement Économique Bellechasse